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C R O C I N F O S

[Présidentielle 2025 en Côte d’Ivoire] ADCI accepte le rejet de la candidature d’Assalé Tiémoko et appelle à la paix

[Présidentielle 2025 en Côte d’Ivoire] ADCI accepte le rejet de la candidature d’Assalé Tiémoko et appelle à la paix

À titre d'illustration. (Archives)

Après le rejet de la candidature d’Assalé Tiémoko par le Conseil constitutionnel, le mouvement ADCI appelle ses militants au calme et à la paix, privilégiant la sérénité pour préserver la stabilité nationale avant la présidentielle 2025.

Abidjan, 9 septembre 2025 (crocinfos.net)– À la suite de la publication par le Conseil constitutionnel de la liste définitive des candidats à l’élection présidentielle prévue le 25 octobre 2025, le mouvement politique Aujourd’hui et Demain, la Côte d’Ivoire (ADCI) a pris acte, lundi, à Abidjan, de l’invalidation de la candidature de son président, Assalé Tiémoko Antoine. S’il déplore une décision qu’il juge entachée d’« incohérences », le mouvement a choisi d’inscrire sa réaction dans un registre apaisé, en appelant ses militants au calme et en insistant sur la nécessité de préserver la paix.

Une décision lourde de conséquences

Le Conseil constitutionnel a rejeté la candidature d’Assalé Tiémoko au motif de parrainages jugés irréguliers. Selon la haute juridiction, sur les 41 906 parrainages déposés par ADCI, 11 345 auraient été considérés comme « faux », tandis que 213 autres auraient déjà été attribués à un autre candidat. Ces invalidations conduisent, selon le Conseil, à un déficit de 10 544 parrainages valides, bien en deçà du seuil de 33 727 requis.

Le mouvement conteste cependant ces chiffres. Dans une déclaration sur sa page Facebook, il affirme que ses propres calculs aboutissent à un total de 34 741 parrainages valides, et non aux 23 183 retenus par le Conseil. « Plus de 7 165 parrainages déposés ont disparu », souligne la déclaration, qui dénonce « des incohérences préoccupantes » et « un déficit de transparence » dans la procédure.

Entre regret et esprit de responsabilité

Pour autant, ADCI n’a pas choisi la voie de la contestation violente. Dans sa déclaration, Roger Youan, secrétaire exécutif du mouvement, insiste sur la responsabilité collective de préserver la cohésion sociale. « Nous prenons acte, avec regret, mais sans haine, de cette décision », a-t-il déclaré, avant d’ajouter que son parti entend transformer cette épreuve en un moment d’apprentissage et de renforcement.

Le mouvement a rappelé que la démocratie ne saurait être un champ d’exclusion, appelant de ses vœux une réforme du système de parrainage afin qu’il ne devienne pas, selon ses termes, « un outil d’élimination arbitraire ». Mais au-delà de la critique, le mot d’ordre reste celui du respect des institutions et du refus de la violence.

L’écho de Mandela

Dans un climat politique marqué par les souvenirs douloureux des crises passées, la référence de David Youant, cadre du mouvement, à Nelson Mandela a pris une dimension symbolique. Citant l’ancien président sud-africain, il a rappelé : « Je ne perds jamais. Soit je gagne, soit j’apprends. »

Une maxime qui résonne comme un appel à la résilience dans une Côte d’Ivoire où chaque scrutin présidentiel a été source de tensions. En 2010, la crise post-électorale avait coûté la vie à plus de 3 000 personnes. Les dirigeants politiques, conscients de ce lourd passé, sont régulièrement exhortés par la société civile et la communauté internationale à privilégier le dialogue et la retenue.

L’importance de l’apaisement

Le choix du mouvement ADCI de privilégier un discours pacifique contraste avec les pratiques qui, par le passé, avaient parfois conduit à l’exacerbation des tensions. « Notre mouvement est jeune, mais notre foi en l’avenir est intacte. Nous appelons nos militants, au pays comme dans la diaspora, à rester mobilisés mais pacifiques », indique encore la déclaration.

Ce ton mesuré a été salué par les commentaires de plusieurs observateurs indépendants, qui y voient un signe de maturité politique. « Le rejet d’une candidature est toujours une blessure pour un parti, mais la manière de réagir est déterminante pour la stabilité nationale », estime un analyste politique interrogé par crocinfos.

Un contexte sensible

La présidentielle d’octobre prochain est particulièrement scrutée. Après des mois de spéculations, la liste définitive des candidats retenus comporte des figures de poids, mais aussi des absences notables, dont celle d’Assalé Tiémoko. La Commission électorale indépendante (CEI) et le Conseil constitutionnel sont au centre de critiques récurrentes sur leur transparence et leur indépendance, mais leurs décisions sont sans appel.

Dans ce contexte, chaque réaction des acteurs politiques peut peser lourdement sur le climat préélectoral. Les appels au calme et à la retenue sont considérés comme essentiels pour éviter toute escalade.

Une vision tournée vers demain

ADCI entend désormais « capitaliser sur cette épreuve » pour préparer l’avenir. « Aujourd’hui, nous avons appris. Demain, nous irons de l’avant, plus forts et plus déterminés », conclut la déclaration, insistant sur l’idée d’une « Nouvelle Côte d’Ivoire » à bâtir.

En refusant de céder à la tentation de l’affrontement, le mouvement d’Assalé Tiémoko souhaite se présenter comme une force politique responsable, soucieuse de contribuer à l’enracinement démocratique. Une posture qui pourrait, selon certains observateurs, renforcer sa crédibilité auprès d’une partie de l’opinion.

La paix comme impératif national

Au fur et à mesure que l’échéance électorale approche, l’ensemble des acteurs politiques ivoiriens sont placés devant une responsabilité historique : transformer la compétition électorale en un exercice démocratique pacifié. La réaction d’ADCI, au-delà de son cas particulier, illustre l’urgence de ce choix collectif.

« La Côte d’Ivoire a payé trop cher ses crises passées. Chaque mot d’ordre lancé aux militants doit être une invitation à la paix », rappelle un diplomate ouest-africain en poste à Abidjan.

À moins de deux mois du scrutin, les regards restent tournés vers les leaders politiques. Car d’eux dépend, en grande partie, le maintien d’un climat propice à une élection apaisée, condition sine qua non pour consolider les acquis démocratiques du pays.


Charles Kpan